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Walter Matter rejoints SWISSCO

Cocoa Sustainability
WaMa joins SWISSCO

L’industrie du cacao est confrontée à de nombreux défis – depuis le changement climatique aux problèmes de pauvreté et de travail des enfants, en passant par les mauvaises infrastructures et les financements insuffisants. Walter Matter s’associe à la Plateforme Suisse pour un Cacao Durable (Swiss Platform for Sustainable Cocoa – SWISSCO) pour s’attaquer ensemble à ces questions urgentes, en collaboration avec les acteurs suisses de la chaîne de valeur.

La plateforme a été créée en 2018 par des fabricants, des commerçants, des détaillants, des organisations sans but lucratif et des institutions de recherche suisses, avec le soutien du gouvernement fédéral, afin de renforcer l’approvisionnement durable en cacao. Elle s’est depuis imposée comme l’un des principaux organismes de surveillance de la chaîne d’approvisionnement en cacao, contribuant à la mise en œuvre de pratiques durables et favorisant la collaboration entre ses près de 80 membres issus de toutes les parties de la chaîne d’approvisionnement.

CACAO DURABLE

« Le cacao qui est produit et approvisionné à partir d’un système qui s’efforce d’offrir des conditions de vie décentes aux cacaoculteurs et à leurs familles, qui favorise l’atténuation et l’adaptation au climat et protège la biodiversité, et qui vise une chaîne de valeur du cacao économiquement viable et transparente, tant pour les générations actuelles que pour les générations futures. » – SWISSCO

SWISSCO travaille en étroite collaboration avec le Secrétariat d’État suisse à l’économie (SECO), qui a cofinancé 14 grands projets pour des solutions durables innovantes dans la chaîne de valeur du cacao. Ces projets ont touché près de 100’000 producteurs de cacao en Afrique occidentale, en Ouganda, à Madagascar, au Pérou, en Colombie et au Costa Rica, et vont de la diversification des revenus à de l’accès au marché, en passant par l’agroforesterie et l’augmentation de la productivité agricole.

Nous nous sommes entretenus avec Christian Robin, directeur exécutif de SWISSCO – et qui possède 14 ans d’expérience dans divers rôles au SECO – afin de discuter des principaux objectifs de la Feuille de route, un agenda détaillé sur le thème de « Relever les défis ensemble », approuvé lors de l’assemblée générale en septembre 2021. 

La feuille de route fait référence à quatre objectifs de développement durable (ODD) sélectionnés : 1) Un revenu de subsistance pour les producteurs de cacao et leurs familles ; 2) Une chaîne d’approvisionnement du cacao sans déforestation et respectueuse du climat ; 3) La lutte contre le travail des enfants et amélioration des perspectives des jeunes ; 4) Le renforcement de la transparence et de la traçabilité au sein de la chaîne d’approvisionnement en cacao. 

Christian Robin, Directeur exécutif de SWISSCO

Vous étiez présent aux débuts de SWISSCO. Pourquoi était-il important d’établir cette plateforme ?

Christian: 

Une grande partie des producteurs de cacao a été touchée par la pauvreté, notamment en Afrique de l’Ouest. 

Le changement climatique, avec la hausse des températures et l’irrégularité des pluies, a eu un impact négatif sur la productivité des cultures et sur les rendements globaux, ce qui se traduit par de plus faibles revenus pour les petits exploitants qui peinent à satisfaire leurs besoins fondamentaux. Il est extrêmement difficile pour les producteurs de cacao de sortir de la pauvreté s’ils n’ont pas la possibilité d’augmenter leur production ou de verser des salaires adéquats à des travailleurs qualifiés.

Même si des progrès notables ont été réalisés dans la chaîne de valeur du cacao, nous devons encore faire beaucoup plus pour aider les producteurs de cacao à faire face à ces problèmes.

Et compte tenu de la complexité et de l’ampleur du défi, les entreprises individuelles ne peuvent pas faire grand-chose si elles agissent seules. C’est pourquoi SWISSCO a été créée. Notre mission est de favoriser les partenariats intersectoriels, de permettre aux parties prenantes de la chaîne d’approvisionnement de travailler ensemble et de contribuer à des changements significatifs.

Pourquoi la Feuille de route 2030 a-t-elle été créée et quels en sont les principaux objectifs ?

Christian: 

Le cadre de la Feuille de route 2030 contient 12 objectifs mesurables qui doivent être évalués au cours des prochaines années, en s’appuyant sur la transparence et la responsabilité des membres. Des processus approfondis de mesure, d’évaluation et d’apprentissage (MEL) ont été mis en place pour recueillir les données de l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement et les utiliser pour proposer des solutions significatives et bien informées. 

C’est au niveau des exploitations agricoles que se posent les plus grands défis de la chaîne d’approvisionnement du cacao. La pauvreté crée un cercle vicieux : l’insuffisance de fonds pour les salaires entraîne le travail des enfants et des pratiques agricoles inadéquates, qui se traduisent par de faibles rendements et des revenus insuffisants. Et cela conduit également à la déforestation. Tout est lié, ce qui en fait un problème qui nous concerne tous et qui ne peut être résolu qu’ensemble. Il est impossible de s’attaquer à ces problèmes de manière isolée.

L’approvisionnement durable est en tête des priorités de SWISSCO. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Christian:

L’un des principaux objectifs de la feuille de route est d’augmenter le niveau de certification et l’approvisionnement durable en général, ce qui est largement motivé par la demande mondiale de produits certifiés. En 2021, 71% du cacao importé en Suisse provenait d’un approvisionnement durable. Globalement, nous sommes en bonne voie pour atteindre l’objectif de 80% d’ici 2025.  

Je crois que notre approche fonctionne pour les entités privées, publiques et à but non lucratif, et j’apprécie la contribution et l’engagement de chaque membre dans nos activités et projets. Nous avons vraiment une communauté engagée ici en Suisse et nous pouvons tous être tenus responsables de la feuille de route. Nous disposons d’une base solide pour travailler.

Comment les membres contribuent-ils à la réussite de la stratégie ?

Christian:

Par exemple, tous les importateurs rendent compte, sur une base annuelle, de leurs importations sur le marché suisse et de l’étendue de leur mise en œuvre de normes de durabilité ou d’instruments équivalents. En réalité, tous les membres s’engagent à fournir ces données, mais bien sûr aussi à contribuer par des activités concrètes pour atteindre nos objectifs communs. 

Dans notre dernière enquête de référence, nous avons recueilli des données auprès de 90% de nos membres, ce qui, à mon avis, est une réussite remarquable car cela montre une réelle initiative et une volonté de résoudre les problèmes du secteur. Nous travaillons avec ces données pour évaluer les progrès et identifier les éventuelles lacunes.

En juillet 2022, nous avons organisé une réunion sur la traçabilité avec nos membres, qui ont ainsi partagé leurs expériences. Nous avons également mis en place une plateforme facilitant les investissements pour des projets communs sur le terrain et nous sommes fiers d’avoir les ressources nécessaires pour faciliter les collaborations dans certaines régions d’approvisionnement, sur des projets dits de « développement du paysage ». L’un de nos objectifs est de créer un cadre commun permettant à nos membres, et même aux non-membres, de se réunir et de développer leurs propres agendas pour promouvoir la durabilité. Mon ambition est, à terme, de faire participer tous nos membres à des projets de terrain. 

En résumé, notre succès repose sur quatre piliers, qui dépendent tous fortement de l’engagement de nos membres : 1) la prise de conscience générale et la reconnaissance des problèmes au sein de l’industrie ; 2) la transparence au sein de la chaîne d’approvisionnement, qui favorise l’apprentissage entre pairs ; 3) les partenariats privés et publics et les investissements ; 4) la politique et la coopération au niveau international et avec les pays producteurs.

L’Union européenne est sur le point d’interdire l’importation de cacao, dont le lien avec la déforestation et les violations des droits de l’homme a été prouvé. Pouvez-vous nous dire ce que cela signifie pour l’industrie ? 

Christian:

Eh bien, cela pousse certainement l’industrie dans la bonne direction. Cependant, le changement ne se fait pas du jour au lendemain et la mise en œuvre de la réglementation ne sera pas facile. Elle pourrait d’ailleurs avoir un impact négatif sur de nombreux acteurs de la chaîne d’approvisionnement – en particulier au niveau des exploitations agricoles. SWISSCO veut aller au-delà de la réglementation afin de résoudre les problèmes fondamentaux qui ont conduit à l’interdiction.

Comment SWISSCO va-t-elle au-delà de la réglementation européenne ?

Christian: 

La déforestation et le travail des enfants sont généralement le dernier recours des agriculteurs. Personne n’a vraiment envie d’abattre des arbres et de faire travailler ses enfants dans les champs, mais ils le font quand c’est une question de survie. La pauvreté joue un rôle majeur dans la prise de décision. Les mauvaises pratiques agricoles se traduisent par des parcelles très petites et improductives, ce qui entraîne à son tour de faibles rendements. Ensuite, les agriculteurs se voient souvent contraints d’étendre leurs terres agricoles, ce qui signifie qu’ils doivent se rendre dans des zones forestières.

Nous travaillons avec des partenaires locaux et les autorités pour identifier les communautés dans le besoin et fournir une assistance sur mesure pour réformer le système. Cela comprend des formations techniques, des financements et une éducation appropriée pour favoriser l’autosuffisance et la diversification des revenus. La feuille de route 2030 décompose réellement les défis et fournit des lignes directrices pour la mise en œuvre de changements dans l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement.

Comment les consommateurs finaux ont-ils joué un rôle dans la promotion de la durabilité ?

Christian:

Depuis les années 1990, les consommateurs ont une influence majeure sur la production et donc sur les importations de l’industrie du cacao. Mais le chocolat seul n’est pas le problème, pas plus que la raison de la pauvreté au Ghana ou en Côte d’Ivoire. Il nous fournit cependant un projecteur qui pointe vers ces réalités très complexes sur le terrain – mauvaises infrastructures, manque d’autosuffisance, éducation, déforestation, rôle des gouvernements nationaux, coopération internationale et autres problèmes. Nous, l’industrie, y compris toutes les parties prenantes de notre plateforme, prenons nos responsabilités pour relever ces défis ensemble en tenant compte de nos possibilités et de nos limites.

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